Tous les ans, le 8 mars marque la journée internationale de la célébration des droits des femmes de par le monde. Cette journée est placée cette année sous le thème : « Leadership féminin pour un futur égalitaire dans le monde de la COVID-19 ». Mais pour cause de pandémie à Coronavirus, la célébration dédiée à la promotion et la protection des droits des femmes en Guinée a été reportée. Qu’à cela ne tienne, le Projet SANITA Villes Durables a mis l’occasion à profit pour donner la parole à des femmes de divers paliers de la vie socioéconomique du pays. Il s’agit des femmes décideurs, du secteur informel et des activistes de la société civile. Le but de cette initiative est de promouvoir les contributions importantes et transformatrices des femmes dans l’effort du développement national
Le projet SANITA Villes Durables est une initiative du Gouvernement guinéen à travers le Ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire, financée par l’Union européenne et exécutée par le Programme des Nations-Unies pour les Établissements Humains (ONU-Habitat). Le Projet vise de façon générale le renforcement de la gouvernance urbaine en vue d’un développement urbain inclusif et durable. Aussi, SANITA Villes Durables met-il l’accent sur la planification urbaine participative engageant les hommes et les femmes pour que leurs voix et besoins respectifs soient représentés dans les décisions concernant le développement des territoires et l’amélioration du cadre de vie.
Voici les extraits choisis :
Mame Fatoumata Diallo, conseillère technique du ministre de l’Information et de la Communication
Comme on le sait la célébration de la journée de la femme se passe cette année dans un contexte assez particulier à cause de la COVID-19. Il s’agit de voir dans quelle mesure, les femmes peuvent davantage s’impliquer dans la lutte contre cette pandémie à laquelle elles sont d’ailleurs les plus exposées.
Pour ce qui est de la représentativité des femmes dans les instances de décisions, il est important de noter que depuis l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé, il y a eu beaucoup d’efforts en termes de promotion de la femme dans les instances de décisions notamment avec le projet « Rajeunir et féminiser l’administration ». Il y a dans ce cadre, de plus en plus de femmes qui occupent des postes de décisions, et à tous les échelons de l’Administration publique. Par exemple, il y a beaucoup de femmes cheffes de cabinets et directrices des pools financiers dans nombre de ministères. Et chacune, là elle est, apporte, un tant soit peu, sa part de contribution dans le développement du pays. Cela est d’autant plus vrai que les femmes en plus de leur apport dans le processus de conception et de mise en œuvre des politiques, programmes et projets de développement, tiennent et supportent souvent économiquement leurs familles.
Aussi, l’une des initiatives mises en place par le Gouvernement avec l’appui de ses partenaires pour accompagner l’autonomisation des femmes et leur participation plus accrue dans le processus de développement, est la création d’institutions de microfinances comme les Mutuelles des femmes africaines (MUFFA).
Concernant la représentativité des femmes dans les instances de décisions, je pense qu’il y a des facteurs qui impactent cette dynamique. C’est par exemple le droit à l’éducation qui pour moi n’est pas équitable avec les garçons. C’est pourquoi je plaide pour que les petits garçons et les petites filles aient à la base, les mêmes droits à la scolarisation. Avant de parler d’égalité des chances, il faudrait que les filles et les garçons aient les mêmes compétences. Mais le constat aujourd’hui est que très souvent surtout en milieu rural, lorsque le petit garçon va à l’école, au même moment, la petite fille elle, est assise à la maison en train de faire les travaux de ménage, la cuisine y compris. Avec une telle situation, il est difficile de voir les filles à égalité de niveau avec les garçons à l’école. En dehors de cela, pour des raisons diverses – mariage précoce, grossesse non désirée – beaucoup de filles ne finissent pas le cycle normal de l’école. Du coup, certaines sont condamnées à jouer les seconds rôles comme secrétaires etc.
Animata Touré, Maire de la commune de Kaloum
Le 8 mars est une journée célébrée mondialement, c’est l’occasion de se concerter et de discuter des problématiques qui concernent femmes.
Seulement voilà, très souvent, l’élan des femmes est perturbé par certaines pesanteurs qui ne favorisent pas l’éclosion, l’expression de la plénitude de leurs capacités intellectuelles et techniques.
Ce sont les femmes qui tiennent économiquement les familles. Mais je pense qu’il faille une forte volonté politique pour davantage promouvoir la femme à travers les projets de développement socioéconomiques.
Nene Mariama Baldé, consultante urbaniste
Les femmes et le développement urbain, ce sont deux concepts étroitement liés. D’abord, le développement urbain de manière pratique, ce sont toutes les activités qui sont réalisées dans les villes pour améliorer le cadre de vie des populations. Il s’agit des activités qui permettent aux populations d’avoir des revenus dans un environnement sain, avec accès aux services sociaux de base et où l’environnement est préservé.
Dans ce cadre, les femmes jouent un rôle très important, prenons l’échelle des ménages, ce sont elles qui s’occupent de tout ce qui est salubrité, si vous allez un peu loin, dans les collectivités, elles ont des associations qui s’investissent souvent dans la salubrité publique et le nettoyage des lieux publics.
Dans le cadre du développement urbain, il faut noter que toutes les compétences sont importantes, qu’elles soient économistes, sociologues, urbanistes ou ingénieures, les femmes ont beaucoup de potentialités. Le hic c’est qu’elles sont faiblement représentées à certains niveaux de décisions. Je pense qu’on peut améliorer leurs interventions et du coup favoriser le développement urbain en reconnaissant leur valeur et en les mettant à tous les niveaux de décisions. Elles sont dans les quartiers, elles comprennent les problèmes parce que directement liées à toute la vie collective dans leurs milieux, donc elles sont à même de trouver des solutions à certains problèmes urbains.
Je pense qu’il est important de valoriser leurs compétences pour maximiser les résultats dans le processus de développement urbain. C’est bon de les impliquer davantage dans le développement parce qu’elles sont capables. Elles peuvent être utiles à tous les niveaux du développement urbain qu’il s’agisse de l’aménagement des espaces publics, de la préservation de l’environnement et des équipements urbains.
Je pense qu’il faille donc continuer à renforcer leurs capacités et leur créer des opportunités pour faire valoir leurs compétences.
Saran Kaba, activiste de la société civile, présidente de l’Association des boursiers du Centre Régional du Leadership Yali Guinée, membre depuis 2014 de la jeune chambre internationale, membre du Réseau national des associations pour le développement (RENAD)
Ce que je déplore dans la célébration de cette journée, ce qu’on a tendance à sacrifier cette journée sur l’autel de la fête. Ça ne devrait pas être comme cela, ça devrait être une journée à l’occasion de laquelle, les femmes se remettent en cause, en se disant qu’est-ce j’apporte à mon pays en dehors de ce que je fais pour ma famille ? Ce sont des choses qui devraient faire l’objet de discussion à travers les table-rondes en mettant au centre, les préoccupations des femmes de manière à ce qu’elles continuent d’être le moteur du développement. Car vous n’êtes pas sans savoir que ce sont les femmes qui font tourner la monnaie dans les marchés. Ce sont elles qui tiennent en général l’économie du secteur informel
Malheureusement, cet engagement des femmes à participer activement au processus développement est ralenti par des facteurs qui empêchent les femmes de s’épanouir pleinement comme les garçons. Cela signifie qu’il faille accorder à la jeune fille, la même chance d’éducation donnée aux jeunes garçons. Moi je suis l’unique fille d’une famille qui a beaucoup de garçons, mais on m’a toujours fait comprendre que je peux faire de très grandes études au même titre que mes frères. C’est donc sans complexe que j’ai grandi et étudié. Cela doit être valable pour toutes les autres familles.
Diariatou Diallo, activiste membre des Amazones de la presse guinéenne et Coordinatrice du Club 4 heures avec l’Humain
Mon apport dans le développement de notre pays s’explique par mon engagement, ma détermination et mon implication dans les activités socioéconomiques de notre pays, notamment celles juvéniles. Cela se matérialise par de nombreuses luttent que nous faisons soit des luttes économiques, soit des luttes politiques. En tant qu’activiste, nous devons jouer notre rôle de société civile. Nous ne devons pas rester indifférentes. On fait beaucoup d’activités pour apporter notre brique à la construction de l’édifice Guinée. Nous menons des combats sur différents fronts : la lutte contre les violences – de tous ordres- faites aux femmes que ce soit le mariage précoce, que ce soit l’excision, le viol etc. C’est une lutte que nous faisons au quotidien à travers des interpellations, des dénonciations et à travers notamment des mémos parce que récemment avec la structure des Amazones de la presse guinéenne, nous avons fait un mémorandum que nous avons déposé à l’Assemblée nationale pour la prise en compte du cas particulier des viols. Le phénomène de viol sur mineures est devenu très préoccupant aujourd’hui parce que ça se répète presque tous les jours. Nous avons fait ce mémorandum pour l’Assemblée nationale puisse voter des lois punitives des coupables des viols et apporter des soutiens aux victimes de viol. C’est vraiment entre autres, l’apport que je fais personnellement, mais je le fais en collaboration avec des organisations et c’est un travail collectif que nous faisons au quotidien.
Mariam Diawara, vendeuse de friperie au marché Enco5
Je pratique cette activité parce que tout comme l’homme, la femme doit aussi s’épanouir et contribuer à l’épanouissement de sa famille. Je vends ces friperies depuis des années et cela me permet de subvenir à mes besoins et ceux de mes enfants. C’est avec cette activité que je paie la scolarité de mes quatre enfants, leurs soins médicaux… Je prends en charge également tout ce qui entre dans leur éducation. Mon époux ne travaille pas, alors c’est à moi de prendre les choses en main. Je suis heureuse de faire ce travail parce qu’être autonome est très important et je sens que je contribue au développement de mon pays en scolarisant mes enfants. Nous rencontrons d’énormes difficultés avec l’arrivé de la crise sanitaire, mais Dieu merci on s’adapte. En ce qui concerne la date du 8 mars comme la fête des femmes, je ne peux rien dire. Moi, ma fête c’est le jour où je gagne beaucoup de bénéfices
Fatoumata Sacko, couturière Enco 5
Moi, je dis la femme c’est son métier. Même si tu es au foyer, mais rester sans travail, c’est tous les jours des problèmes. De nos jours, l’homme et la femme se complètent dans le ménage. Voilà pourquoi je travaille pour pouvoir couvrir nos besoins primaires et secondaires. Grâce à cette activité je parviens à subvenir à mes besoins et ceux de ma fille, notamment ses charges scolaires. Il faut avoir le courage et la détermination dans cette vie ainsi on ajoute un plus au développement de la nation. Je demande aux femmes de prendre plus de courage, car tout ce que l’homme peut faire la femme aussi le peut. La fête des femmes, c’est quand il n’y avait pas encore de coronavirus, j’entendais à travers des clientes qui venaient ici pour coudre l’uniforme choisie pour la célébration de ladite journée.
Service de communication
SANITA Villes Durables
ONU-Habitat